Bruxelles, le 23 septembre 2016
“La pension légale seule ne suffit pas à s’assurer de vieux jours sans soucis financiers » reconnaît le ministre des Pensions Bacquelaine. Alors qu’il lui revient justement de veiller à ce que la pension légale suffise, le ministre lance l’idée de consacrer une part d’une éventuelle augmentation salariale des travailleurs à la pension complémentaire. Ce faisant, il opte résolument pour la voie des pensions privées et enterre la pension légale. On peut donc dire que notre ministre des Pensions est le ministre des institutions de pension privées.
On sait depuis des années que la pension légale est trop basse dans notre pays. Trop basse pour vivre décemment. Il semble que le ministre libéral des Pensions l’ait enfin réalisé, lui aussi. Dans un courrier qu’il adresse à la Présidente du Groupe des Dix (lequel a pour mission de s’accorder sur la marge salariale et d’éventuelles augmentations salariales pour les travailleurs), il écrit : « La pension légale seule ne suffit pas à s’assurer de vieux jours sans soucis financiers ».
La perspicacité du ministre s’arrête malheureusement là. Car il ajoute d’emblée une revendication hallucinante, qui hypothèque la concertation sociale, ce qui est devenu une fâcheuse habitude de ce gouvernement. Une partie des éventuelles augmentations salariales – après des années de gel des salaires et un saut d’index – devra revenir aux pensions complémentaires, au deuxième pilier. « Les partenaires sociaux doivent convenir d’affecter en partie la marge salariale à des cotisations plus élevées pour la pension complémentaire au lieu de la traduire immédiatement en des augmentations salariales » souligne le ministre.
Ce qui est totalement insensé. Le ministre reconnaît que les pensions sont trop basses, mais au lieu de les porter à un niveau acceptable, il estime que les salariés doivent suppléer les pensions légales via les pensions complémentaires. Le ministre ne souhaite donc pas augmenter la pension légale de façon à ce que tout le monde puisse avoir une vie décente après une carrière d’ailleurs toujours plus longue. Au lieu de cela, il souhaite que les travailleurs échangent leurs augmentations salariales contre une pension privée. Il joue donc pleinement la carte des assureurs pension privés. Ce n’est pas un ministre des Pensions, c’est un ministre des institutions de pension privées.
Marc Goblet, secrétaire général de la FGTB, rappelle que la priorité absolue reste le premier pilier, la pension légale, « c’est le seul véritable système juste et solidaire qui puisse garantir une pension décente, quel que soit le secteur d’activité, quel que soit votre employeur, et indépendamment des périodes de maladie ou de chômage pendant votre carrière ». Par ailleurs, qui aura encore confiance en un système de pensions complémentaires ? Le monde financier est malade, les perspectives sont moroses et le rendement des pensions complémentaires est actuellement très bas. D’autant que le rendement garanti a été diminué de moitié par ce gouvernement Michel !