La sécurité sociale saignée à blanc : comment la sauver ?
La sécurité sociale est en danger ! Le déficit de la sécurité sociale est beaucoup plus élevé cette année que prévu initialement. Il s’élève à environ 3,1 milliards. En 2020, il atteindra 3,5 milliards. En 2024, ce déficit pourrait passer à 6,3 milliards.
Un système de sécurité sociale qui ne laisse personne de côté et qui garantit des pensions décentes et des soins de santé abordables… Est-ce une question d’argent ? Non, c’est une question de volonté politique ! La richesse produite en Belgique augmente suffisamment pour trouver des sources de financement durables. Comment ? Grâce à un système fiscal équitable. Pourtant, la mauvaise gestion de ces dernières années entraîne un déficit grave et en nette augmentation de la sécurité sociale.
Mauvaise politique et mauvaise volonté
Le déficit de la sécurité sociale n’est pas dû à un excès de dépenses. Il trouve plutôt son origine dans la mauvaise gestion et la mauvaise volonté du gouvernement Michel !
Par exemple, dans son budget, le gouvernement a estimé le coût des réductions de cotisations à 83,2 millions d’euros, montant largement inférieur à la réalité. En effet, suite au taxshift et à la baisse de l’impôt des sociétés de 33 à 25%, rien n’a été prévu pour compenser le manque à gagner, alors que l’impôt des sociétés constitue une des sources les plus importantes de contribution à la sécurité sociale. Ce cadeau aux employeurs n’a pas été conditionné à la création d’emplois, ce qui aurait permis d’augmenter les recettes !
En outre, le gouvernement a budgétisé des recettes pour des mesures qu’il n’a toujours pas concrétisées, telles que les 101 millions d’euros qu’auraient dû rapporter la lutte contre la fraude sociale. Par ailleurs, le gouvernement n’avait rien prévu pour ajuster les allocations au bien-être : l’enveloppe de 230 millions d’euros n’était pas inscrite dans les dépenses. Enfin, le financement alternatif de la sécurité sociale via la fiscalité indirecte a été réduit en raison d’une baisse des recettes de TVA.
Les causes du déficit
On ne peut pas clamer que la « sécurité sociale coûte trop cher » sans se pencher sur les causes qui ont creusé le déficit :
- une politique d’emplois précaires et un tax shift mal calibré et inefficace ;
- le carcan de la nouvelle loi sur la formation des salaires : si les salaires bruts n’augmentent pas suffisamment, l’augmentation des cotisations n’augmentent pas non plus ;
- les subterfuges légaux des entreprises qui remplacent le salaire par des avantages de toutes sortes qui échappent aux cotisations sociales;
- une dotation gelée qui ne croit pas en fonction des besoins de la population.
Quatre pistes pour financer la sécurité sociale
Ce n’est pas en réalisant des économies sur le dos des malades et des pensionnés que l’on sauvera la sécurité sociale ! Au contraire, il faut la refinancer durablement pour que chacun puisse être toujours protégé en cas de besoin. Mais aussi au jour le jour : congés payés, allocations familiales, transports en commun, la sécurité sociale profite à chacun !
1. Plus d’emplois de qualité pour plus de cotisations sociales
La création d’emplois de qualité doit être le premier objectif du gouvernement. Une politique d’emplois précaires ne génère pas de revenus suffisants pour la sécurité sociale, pas plus que toutes les formes d’emplois exonérés d’impôts (jobs étudiant, revenus supplémentaires jusqu’à 6.250€, emplois flexibles…) ou formes alternatives de rémunération.
2. Des investissements pour faire face au vieillissement
La sécurité sociale a besoin de plus de revenus pour pouvoir gérer le vieillissement de la population. L’espérance de vie augmente et cela doit se refléter dans les moyens que nous accordons à la sécurité sociale.
3. La contribution de tous les revenus via une cotisation sociale généralisée
Un financement supplémentaire peut et doit être trouvé auprès des plus fortunés grâce à l’introduction d’une cotisation sociale généralisée.
Aujourd’hui, la protection sociale est largement financée par les contributions d’une seule catégorie de revenus : celui des travailleurs. Nous appelons à ce que les revenus du capital soient aussi mis à contribution !
4. La lutte contre la fraude fiscale
Investir dans une lutte vigoureuse contre la fraude fiscale peut rapporter gros ! En fournissant aux services d’inspection les ressources, personnels et moyens suffisants pour lutter contre la fraude en matière de salaires et de cotisations.
Pour Robert Vertenueil, Président de la FGTB : « Il ne s’agit pas de taxer plus. Il s’agit de tenir l’engagement fait il y a plus de 75 ans, à savoir que la sécurité sociale permet à chacun de recevoir selon ses besoins et de cotiser selon ses moyens. À une époque où la part des salaires diminue dans l’économie et où les besoins de la population face aux nouveaux risques explosent, il faut repenser le financement de la sécurité sociale. »
vendredi, 27 septembre