Grève du service public : transports, justice, hôpitaux, écoles, de nombreux secteurs touchés
Les quatre raisons de la grève des services publics ce 31 mai
Le pouvoir d’achat reste la préoccupation du moment, qui mobilise aussi les fonctionnaires. Mais le manque de moyens et l’inquiétude concernant l’avenir des pensions ajoutent encore à la grogne.
Le pouvoir d’achat
C’est évidemment la préoccupation du moment. « La crise touche aussi les travailleurs du secteur public, rappelle Michel Meyer, président de la CGSP, où l’on a vu apparaître des travailleurs pauvres. Des techniciennes de surface mais aussi des enseignants débutants qui ne travaillent qu’à temps partiel et doivent se déplacer entre plusieurs écoles sans percevoir d’indemnités. » « Depuis quelques mois, le pouvoir d’achat des gens a fortement diminué et cela empêche même certains d’aller travailler », confirme Stéphane Deldicque, vice-président de la CSC Services Publics, qui insiste sur l’importance du geste posé par les grévistes de ce mardi : « Des gens qui sont déjà dans les difficultés pour nouer les deux bouts, vont perdre une journée de salaire. J’espère que les autres travailleurs y penseront et qu’ils ne retiendront pas que les désagréments. » Et les syndicats d’insister sur la revalorisation des barèmes dans le secteur public qui n’ont plus été améliorés depuis plusieurs années. « Or, revaloriser les barèmes, c’est améliorer les pensions », ajoute Stéphane Deldicque.
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L’avenir des pensions
Or, ces pensions constituent une deuxième source d’inquiétude pour les fonctionnaires de tous poils. « Nous voulons un système de pension de la fonction publique qui soit également applicable aux agents contractuels, insiste Michel Meyer. Car ils effectuent le même boulot que les statutaires. » Mais s’il est question d’harmonisation dans la prochaine réforme des pensions, ce n’est pas vraiment dans ce sens-là. Les fonctionnaires bénéficient d’un régime plus favorable que celui des salariés – une façon de compenser des progressions salariales moins intéressantes que dans le secteur privé – et craignent que la prochaine réforme concoctée par la Vivaldi ne vienne raboter tout cela. Quant à l’extension du 2e pilier qui les concernerait, « c’est une hérésie sans nom, peste le président de la CGSP. On va confier des sommes astronomiques au secteur privé, alors que l’on n’est jamais à l’abri d’un krach boursier. Et puis, cela reste un système inégalitaire car là où les syndicats ne sont pas assez forts, les travailleurs n’en bénéficient pas. »
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Un manque d’investissements
« Les services publics souffrent d’un manque d’investissement, en personnel, en fonctionnement, déplore Stéphane Deldicque. A chaque conclave budgétaire, la fonction publique sert de variable d’ajustement par excellence. On parle toujours de réduire les dépenses, jamais d’augmenter la capacité de personnel. » Et le vice-président de la CSC Services Publics de citer l’exemple de Fedasil, confronté à un manque de moyens au plus fort de la crise ukrainienne. « Sous la Suédoise, les investissements techniques et humains ont été réduits de 10 %, rappelle Michel Meyer. Et on ne remplaçait qu’un départ sur cinq. » Or, soulignent les syndicats, la crise sanitaire a démontré l’importance des métiers de services à la collectivité. A commencer par celui d’infirmière. « Nous manquons aussi de moyens pour lutter contre la fraude fiscale, ajoute le président de la CGSP. Mais aussi dans les chemins de fer, où l’on désinvestit depuis dix ans. »
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Une concertation sociale en panne
« Vu que nous sommes devenus une variable d’ajustement budgétaire, nous n’avons plus conclu d’accord avec les différents niveaux de pouvoir du pays depuis plusieurs années », regrette Michel Meyer. Des négociations qui placent les syndicats face aux politiques, dans le rôle d’interlocuteur patronal. « C’est un dialogue de sourds et il y a un manque de respect dans leur chef », ajoute Stéphane Deldicque qui cite l’exemple d’un protocole d’accord sur certains métiers pénibles qui n’a jamais été exécuté. « Nous avons réalisé une enquête sur le bien-être au travail dans les communes du Brabant wallon, montrant que certaines communes y étaient bien moins attentives que d’autres. » Mais ce n’est pas tout : l’exercice même des mandats syndicaux est désormais menacé. « Des délégués ont été condamnés en justice pour des faits relatifs à l’exercice de leur mandat, avec des peines de prison avec sursis à la clé. »
Une charge de mécontentements et de frustrations, où le pouvoir d’achat est aussi un fameux détonateur.