A cause de la politique gouvernementale, les prix augmentent et l’inflation atteint des sommets. Même si une indexation des salaires et des allocations semble en préparation, les travailleurs restent perdants.
Le taux d’inflation indique dans quelle mesure le coût de la vie a augmenté au cours d’une période précise. Ainsi, les derniers chiffres de l’inflation indiquent que le niveau des prix a augmenté de 2,24 % au cours de l’année dernière. À première vue, il s’agit d’une bonne nouvelle. Une légère inflation est en effet nécessaire pour maintenir l’économie à flots.
Responsabilité du gouvernement
Lorsque nous confrontons l’inflation belge à l’inflation connue par le reste de l’Europe, nous constatons que la Belgique connaît une inflation élevée et malsaine. En effet, en mars, dans le reste de l’Europe, les prix ont baissé par rapport à l’année dernière.
Pourquoi cette différence ? La nature des produits belges qui ont le plus augmenté depuis mars 2015 et le moment du décrochage par rapport au reste de la zone euro ne mentent pas : les produits qui ont le plus augmenté sont ceux dont la formation des prix est influencée par l’Etat. L’électricité arrive en première position. Suivent ensuite en seconde et en troisième positions, l’enseignement supérieur et les boissons alcoolisées.
L’inflation belge plus élevée que « la normale » est entièrement due aux hausses de la TVA, des accises et du tarif d’accès aux services publics. Outre l’enseignement supérieur, on retrouve en effet aux premières places des services de base comme la collecte des déchets et la protections sociale. Le gouvernement est donc le principal responsable de l’évolution des prix en Belgique.
Assez de cadeaux aux entreprises
Entre-temps un débat fait rage entre médias et économistes sur l’influence du niveau élevé de l’inflation sur la compétitivité de nos entreprises. L’inflation élevée annihilerait tous « les efforts consentis » par le gouvernement pour nous rendre plus compétitifs, allant du saut d’index au tax shift. La hausse des prix pourrait également entrainer une indexation des salaires et des allocations.
Quelques nuances s’imposent. Tout salarié et tout allocataire social aura, au terme du saut d’index, renoncé à 2% de ses revenus, indépendamment du taux de l’inflation. Il s’agit d’un montant d’environ 2,6 milliards – qui sert normalement à maintenir le pouvoir d’achat à niveau – que les travailleurs ne recevront pas, mais qui restera dans le giron des entreprises. Ajoutons à cela une gigantesque diminution des cotisations patronales à la sécurité sociales de l’ordre de 2,5 milliards d’euros. Suffisamment de cadeaux pour rester compétitifs, nous semble-t-il…
Travailleurs perdants
En bref, oui, le niveau élevé de l’inflation raccourcit la période du saut d’index, mais l’impact financier du saut d’index sur les travailleurs n’en sera pas pour autant moins important.
Une perte de compétitivité des entreprises belges par rapport aux pays voisins est possible, mais uniquement si l’inflation demeure élevée pendant une longue période. Et cela ne devrait pas arriver, à moins que dans leur élan de rage taxatoire, nos gouvernements ne décident encore d’une série d’augmentations d’impôts supplémentaires. Cette perte de compétitivité serait alors totalement imputable à la politique menée par ces gouvernements.
On pourrait en outre affirmer que les entreprises sont pour l’instant peu gênées par la hausse des prix : proportionnellement, ces dernières font en effet un usage moindre des services publics dont les prix augmentent (enseignement, protection sociale…) ou ont obtenu des exceptions pour échapper à certains impôts.
Forte pression sur la consommation
Les chiffres de l’inflation de ce mois sont un baromètre pour les augmentations fiscales latentes appliquées par les gouvernements. La reprise économique se fait toujours attendre en raison d’une forte pression sur la demande économique, la consommation. Dans les prévisions hivernales de la Commission européenne sur la Belgique, on retrouvait la phrase suivante : « l’effet positif de la baisse des prix du pétrole et de l’impôt des personnes physiques sur le pouvoir d’achat sera annihilé par la faible croissance des salaires et la hausse des impôts indirects et de prix de l’électricité ». Il y avait longtemps que nous n’avions plus eu l’occasion de donner raison à la Commission européenne…