Thierry Bodson : Secrétaire général de l’Interrégionale wallonne de la FGTB
En Grèce, en Italie, en Espagne, au Portugal,
en France, en Belgique : ne cédons pas. Résistons !
« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ».
La révolte du peuple grec face à l’agression qu’il subit de la part de son gouvernement et de la Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) est légitime.
La FGTB wallonne tient à apporter son entière solidarité aux citoyennes et citoyens Grecs qui résistent aux plans d’austérité qui leur sont brutalement imposés et dénoncent la soumission de leurs représentants aux diktats de la finance internationale et des « marchés » prédateurs.
Les injonctions néolibérales de la Troïka sont indignes et insupportables. Elles sont synonymes de paupérisation accélérée de la population, de dépeçage du pays et d’enfer social programmé pour les générations présentes et futures. Aucun peuple ne peut et ne doit accepter une telle saignée. Aucun peuple ne peut et ne doit accepter de voir ainsi confisqués, bafoués, ses droits, sa souveraineté et son devenir.
Réduction drastique des salaires, dans le public comme dans le privé. Baisse de 22% du salaire minimum. Gel de ce même salaire pour 3 ans (600 euros). Baisse et gel des retraites et des allocations sociales. Recul de l’âge légal de départ à la retraite. Privatisation de pans entiers de la société grecque. Destruction des services publics et de la sécurité sociale. Dérégulation généralisée du marché du travail. Licenciements par dizaines de milliers. Augmentation de la TVA. Baisse des cotisations sociales. Suppression de 150.000 postes dans la fonction publique en 3 ans. Augmentation de 30% du prix des billets des transports publics. Explosion des prix de l’énergie, du chômage, du nombre de suicides. Etc.
La brutalité des mesures imposées à la Grèce est criminelle, et la révolte du peuple n’est que justice. Nul ne peut et ne doit y être insensible : elle appelle la solidarité et la résistance des autres peuples d’Europe, également menacés par la dictature du capitalisme financier. La « rigueur indispensable pour sauver le pays », « l’austérité incontournable », les « règles d’or » et la « discipline budgétaire » sont des armes de domination des populations qu’il nous faut rejeter avec la plus grande détermination, sous peine d’être ensuite pareillement appauvris, dépecés, désossés.
Avec la souveraineté des peuples et des Etats, c’est la démocratie elle-même qui est aujourd’hui gravement ébranlée. La mise en place, orchestrée par les fauteurs de crise, les institutions internationales et les « Merkozy », d’un gouvernement « d’union nationale » en Grèce incluant des membres de partis d’extrême droite en est une inquiétante illustration.
Mikis Theodorakis, célèbre musicien grec et résistant farouche à la dictature des colonels, ne s’y trompe pas : « Si les Etats ne s’imposent pas face aux marchés, ces derniers les engloutiront, en même temps que la démocratie et tous les acquis de la civilisation européenne. Résistez au totalitarisme des marchés qui menace de démanteler l’Europe en la transformant en Tiers-Monde, qui monte les peuples européens les uns contre les autres, qui détruit notre continent en suscitant le retour du fascisme. »
En Grèce, en Italie, en Espagne, au Portugal, en France, en Belgique : ne cédons pas.
Partout en Europe : résistons !